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La méthode de dépistage du cancer de la prostate est-elle vraiment fiable ? Alors que la détection de ce cancer repose actuellement en France sur un dosage sanguin annuel du PSA pour les hommes de 50 à 75 ans, une nouvelle étude remet en question l’utilité de ce test. Cette recherche menée par des scientifiques des universités britanniques de Bristol et d’Oxford et publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) affirme que le test du PSA n’aurait pas d’effet positif sur les chances de survie de ce cancer masculin.

Avec ou sans test de PSA, une même mortalité liée au cancer

Le PSA (pour Prostate Specific Antigen en anglais) est une substance fabriquée par la glande prostatique. Elle se retrouve en quantité élevée dans le sang lorsque la taille de la prostate augmente, en cas d’anomalie prostatique comme un adénome ou un cancer. Les chercheurs à l’origine de l’étude ont suivi pendant 10 ans 408 825 hommes britanniques âgés de 50 à 69 ans.

Ces volontaires ne présentaient aucun symptôme de maladie prostatique au début de l’étude. 189 386 d’entre eux ont été invités à réaliser un test sanguin du PSA. Les 219 439 autres sujets pouvaient réaliser un test du PSA s’ils le demandaient, mais ne se voyaient pas offrir cet examen. Les chercheurs ont suivi ces individus pendant 10 ans.

Au terme de cette durée, les scientifiques ont compté 8 054 cas de cancers de la prostate dans le premier groupe (soit 4,3%) et 7 853 cas dans le second (soit 3,6%). Plus important : les deux groupes présentaient le même pourcentage (à savoir 0 ,29%) de décès dû au cancer de la prostate.

Dépistage peu précis et risque de sur-diagnostic

"Nous avons trouvé que proposer un test de PSA aux hommes sans symptômes de cancer de la prostate ne sauvait pas de vie après un suivi moyen de 10 ans" commente le professeur Richard Martin, co-auteur de l’étude, cité par le site The Telegraph.

"Les résultats soulignent la multitude de questions soulevées par le test du PSA, causant une anxiété et des traitements inutiles en diagnostiquant le cancer de la prostate chez des hommes qui n’auraient jamais été affectés par cette maladie et passant à côté de la détection de cancers de la prostate dangereux" ajoute le professeur Martin.

En effet, le test du PSA est régulièrement accusé de sur-diagnostiquer le cancer de la prostate, autorisant l’administration de traitements lourds et dommageables pour contrer des cellules cancéreuses qui n’auraient pas forcément causé de problèmes.

"Le test du PSA est un outil émoussé qui passe à côté des subtilités de la maladie et qui cause des dommages aux hommes" déclare ainsi le docteur Richard Roope, médecin généraliste expert au centre de recherche britannique Cancer Research UK interrogé par The Telegraph. "Cet essai montre que nous devons développer des outils plus précis si nous voulons sauver la vie des hommes" ajoute le médecin, qui propose notamment d’orienter la recherche vers un outil de diagnostic génétique qui pourrait s’avérer plus précis et plus utile que le dosage du PSA.

Sources

-Effect of a Low-Intensity PSA-Based Screening Intervention on Prostate Cancer Mortality, The CAP Randomized Clinical Trial. Martin et al., 6 mars 2018. JAMA
-Prostate screening saves no lives and may do more harm than good, The Telegraph, 6 mars 2018
-Cancer de la prostate : dépistage du cancer de la prostate. Association Française d'Urologie (AFU), 26 janvier 2004.

Vidéo : Cancer de la prostate : reconnaître les symptômes

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