Avaler des amandes d'abricot contre l'acné, le défi tiktok à éviterAdobe Stock

Les abricots font partie des fruits appréciés en été, que certains aiment consommer en tarte, en gâteaux ou en sorbet. Certains, heureusement moins nombreux, aiment en avaler les amandes, ces noyaux situés en leur sein. Une idée qui peut sembler fantasque. Pourtant sur tiktok, cette pratique s’est répandue comme une traînée de poudre sur le réseau, à la suite de vidéos devenues virales.

Certaines influenceuses ont fait enfler une rumeur dangereuse selon laquelle avaler les amandes d’abricot, comme d’autres pépins de pomme, les coques de noix ou noyaux de cerise, aurait un effet curatif sur les boutons d’acné. Les images ont été visionnées des millions de fois, exposant des adolescents naïfs à tester cette méthode peu orthodoxe, pour venir à bout de leur trouble cutané.

Parmi ces ayatollahs, l’utilisatrice de TikTok queenseedadrianne, qui affirme qu'elle mange des graines d'abricot, d’abord "trois par jour puis dix pour des résultats plus rapides", pour soigner son acné, jubilant : "Ma peau est beaucoup plus lisse qu'avant et je suis d'une humeur plus joyeuse ces derniers temps".

Du cyanure hautement toxique dans les noyaux

La tendance a pris une telle ampleur que des médecins ont cru bon d’avertir des risques de s’adonner à cette pratique. Sur The Daily Mail, quotidien britannique populaire, le Dr Neel Patel, médecin à la LloydsPharmacy Online Doctor, prévient : "cette tendance peut se révéler hautement dangereuse". A haute dose, ingérer des amandes d’abricot peut en effet s’avérer toxique pour l’homme. Les amandes d’abricot renferment naturellement de l’amygdaline, un composé d’origine naturelle qui se convertit en cyanure hautement toxique lors de la digestion. "Consommée en grande quantité, cette amande expose à un risque d’intoxication au cyanure", précise l’anses (l’agence nationale de sécurité sanitaire et alimentaire nationale.

En 2018, l’autorité sanitaire avait déjà alerté sur le risque d’ingérer en excès ces amandes d’abricot, rapportant des cas d’intoxication. A l’époque, un engouement était apparu pour de supposés vertus anti cancer. Des allégations mensongères, qui tout comme les propriétés anti-acné, ne justifient ben entendu d’aucun fondement scientifique.

Un empoisonnement à petit feu

L’anses décrit les premiers symptômes caractéristiques d’une intoxications aux amandes d’abricot : apparaissent des vertiges, des malaises, des céphalées, des troubles digestifs, des palpitations cardiaques, ou encore une gêne respiratoire. A noter que dans des cas graves, un excès d’amandes d’abricot empoisonne l’organisme : "en quantité concentrée, le cyanure attaque le cœur, le système respiratoire et le système nerveux central, et peut tuer un être humain en quelques minutes", souligne de son côté le Daily Mail.

Pour écarter tout risque, l’agence sanitaire rappelle la limite à ne pas dépasser : "les quantités limites d’amandes à ne pas dépasser par jour établies par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), sont évaluées à environ 1 à 3 amandes pour les adultes et la moitié d’une petite amande pour les jeunes enfants". Le mieux, il va sans dire, restant de ne pas en avaler du tout.

L'avis du Dr Marie-Estelle Roux, dermatologue

Quant à l'allégation selon laquelle avaler des amandes d'abricot aiderait à réduire l'acné, celle-ci suscite la consternation du côté des dermatologues.

Le Dr Marie-Estelle Roux, dermatologue à Paris, contactée par Medisite, s'insurge contre ce genre de messages dangereux colportés sur les réseaux sociaux, par des influenceuses qui ne disposent pas de diplôme de médecin. "L’acné est une maladie dermatologique qui peut être sévère, en particulier par son retentissement psychologique. Les influenceuses, qui ne sont pas médecin, ne connaissent rien à la complexité de l’acné ni à ses traitements. Proposer ainsi un traitement aussi inutile que dangereux est très choquant, car cela revient à abuser de la détresse de milliers de personnes affectées par l’acné."

Sources

Merci au Dr Marie-Estelle Roux, dermatologue. 

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