PFAS : Par quoi remplacer les poêles et casseroles qui contiennent des PFAS ? Istock
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Jeudi 4 avril dernier , la proposition de loi visant à limiter la présence des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) ou "polluants éternels", dans la composition de nombreux objets de consommation courante a été votée par les députés. Le texte de loi, qui doit encore obtenir l’aval des sénateurs pour être entériné, constitue une petite victoire en ce qu’elle marque une première étape en vue de l’interdiction progressive de ces composés fluorés. À compter de 2026, les PFAS seront interdits dans les vêtements, cosmétiques et farts (revêtements sous les skis).

Mais de l’avis des militants écologistes, la proposition de loi ne va pas assez loin, car elle exclut du périmètre législatif les emballages alimentaires et les ustensiles de cuisine, comme les poêles et les casseroles aux revêtements anti-adhésifs.

Polluants éternels : des substances toxiques omniprésentes

Les PFAS sont des substances largement utilisées par les industriels depuis les années 50 en raison de leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurs.

Difficile de passer à côté tant ces substances se cachent partout : dans les textiles, les emballages alimentaires, les dispositifs médicaux, les produits phytopharmaceutiques, les produits cosmétiques, les mousses anti-incendie, gaz réfrigérants, revêtements antiadhésifs… Ces produits chimiques synthétiques mobiles et persistants peuvent s’infiltrer dans tous les milieux et polluer l’eau que nous buvons, les sols, l’air intérieur et extérieur que nous respirons.

L’alimentation ne fait pas exception. Selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), les produits de la mer, les œufs et les viandes sont les aliments contribuant le plus à l’exposition au PFOS et au PFOA, des types de polluants éternels (il existe des milliers de PFAS différents).

Cette exposition permanente aux PFAS s’avère particulièrement préoccupante puisque ces composés fluorés peuvent avoir des effets délétères sur la santé humaine : augmentation du taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement du fœtus, sur le foie, sur les reins, etc, énumère l’Anses. Ils sont également suspectés d’interférer avec le système endocrinien et de perturber la réponse immunitaire.

Pour toutes ces raisons, de nombreuses voix plaident pour l’interdiction des PFAS dans les produits industriels, y compris dans les ustensiles de cuisine. Mais ces accessoires ne figurent plus dans le champ d’application.

Pour Raphaël Gruman, ce rétropédalage est une mauvaise nouvelle. "Pourquoi ne pas inclure toutes les sources de PFAS ? (...) Cela reste bien sûr une aberration de ne pas aller au bout de cette interdiction", regrette le nutritionniste.

Il rappelle que ces polluants dangereux pour l’organisme sont dits "éternels", car "ils sont stockés par l’organisme qui n’a pas la capacité de les expulser. Ils provoquent des cancers, des troubles cardiovasculaires et hormonaux".

PFAS : attention aux ustensiles de cuisine rayés

En attendant, on peut s’interroger : comment limiter les risques lorsque l’on cuisine avec des poêles comportant des revêtements anti-adhésifs comme le téflon ? Raphaël Gruman invite à se méfier des poêles rayées par exemple. "Dès que le revêtement de la poêle est abîmé, des microparticules de PFAS se détachent du revêtement et se retrouvent dans les aliments que nous ingérons. Ces micro-abrasions se font avec une fourchette dans une poêle et sont pour la plupart du temps invisibles à l’oeil nu", prévient-il.

De son côté, le groupe Seb, qui s'est mobilisé contre l'interdiction des PTFE, un des PFAS présent dans le revêtement de ses poêles et casseroles, insiste auprès de Medisite quant à l'innocuité de ce type de PFAS dans ses produits. "L ’ingestion accidentelle de bouts de revêtement en PTFE ne présente pas de risque pour la santé, les molécules de PTFE étant trop grosses pour franchir la barrière intestinale", affirme-t-on chez Seb.

Qu'en dit la science ? Difficile de trancher le débat... La somme des connaissances disponibles à l'heure actuelle rend difficile d'émettre des conclusions définitives sur l'impact des PTFE sur la santé, conclut l'AFP relayé par Yahoo actualités, s'appuyant sur les agences sanitaires et l'avis de plusieurs experts.

Comment repérer les PFAS ?

Les poêles ne sont pas les seuls objets de cuisine qui peuvent être contaminés par les PFAS. Les casseroles au revêtement anti-adhésif mais aussi "des spatules et des fouets", peuvent l’être aussi.

Selon Raphaël Gruman, la présence de ces substances doit théoriquement être indiquée par le fabricant. "C’est notamment le cas des revêtements en teflon".

Comment limiter l’exposition aux PFAS en cuisinant ?

Le nutritionniste dispense ses conseils pour réduire les risques de contamination en cuisinant : "Si l’on dispose encore de poêle avec un revêtement en teflon, il ne faut pas non plus s’alarmer, rassure-t-il. On évite dans ce cas de les porter à haute température (pas plus de 300°C) et de les faire chauffer à vide. Il convient d'éviter d'utiliser des spatules, des cuillères ou encore des fourchettes pouvant les rayer. Attention aussi en les lavant, on n’utilise jamais de grattoir en métal ou d’éponges trop abrasives".

Idéalement, les poêles en téflon devraient être troquées par d’autres matériaux. "L’idéal reste la fonte ou le cuivre mais ces produits sont plus coûteux, concède notre expert. Cependant il faut garder à l’esprit que les poêles en fonte ou en cuivre durent indéfiniment comparativement à des poêles en teflon qu’il faut renouveler régulièrement".

Polluants éternels : les emballages alimentaires dans le viseur

Les emballages alimentaires font partie des produits courants qui peuvent contenir des PFAS. "Il faut aussi faire attention aux plastiques et silicone, notamment tout ce qui est tupperware ou moules car à haute température, ils perdent des micro-plastiques qui peuvent s’accumuler dans l’organisme".

Nul besoin de vider ses placards de cuisine et de jeter tous ses contenants à la poubelle, rassure le nutritionniste. "Il est toujours possible de les utiliser pour stocker des aliments au réfrigérateur ou congélateur, mais il est préférable de ne pas les faire chauffer".

Pour faire chauffer ses aliments, le spécialiste exhorte à préférer les récipients en verre qui conviennent au micro-onde. "Pour le four, des plats en pyrex conviennent très bien et résistent parfaitement à la chaleur", préconise-t-il.

Sources

Merci à Raphaël Gruman, nutritionniste et auteur.

https://www.vie-publique.fr/loi/293656-pfas-polluants-eternels-proposition-de-loi-ecologiste

https://www.anses.fr/fr/content/pfas-des-substances-chimiques-persistantes

https://www.efsa.europa.eu/en/efsajournal/pub/6223

https://fr.news.yahoo.com/l-innocuit%C3%A9-polluants-ptfe-po%C3%AAles-134521164.html

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